Les gens suicidaires demandent plus d’aide

Malgré une forte augmentation de la détresse psychologique, d’une majoration des symptômes de troubles mentaux et d’un bond de 20 % en moyenne des appels dans les centres de prévention du suicide au Québec, le nombre de personnes qui sont passées à l’acte en commettant le geste irréparable n’aurait pas augmenté depuis le début de la pandémie en mars dernier. 

Stéphane Tremblay, Initiative de journalisme local, MaCôteNord.com

C’est du moins ce que mentionne l’Association québécoise de prévention du suicide.

« Nous n’aurions, et le conditionnel est bien important, pas connu une augmentation de cas de suicides malgré la hausse de ces facteurs de risque qui peuvent être associé au suicide », a indiqué Jérôme Gaudreault, le directeur général de l’AQPS.

Conscient que cette réponse amène un certain questionnement, M. Gaudreault souligne que les chiffres sont préliminaires et proviennent du Bureau du coroner, l’instance responsable au Québec de donner les causes de décès pour les morts non naturelles. 

« Nous serions restés stables à 3 suicides par jour au Québec. Des données qui pourraient changer avec les chiffres non comptabilisés du mois d’octobre. Sauf, c’est certain que nous ne sommes pas à 22 et 23 suicides par jour comme cette information erronée qui circulait sur les réseaux sociaux », a-t-il tenu à préciser.

Vraisemblablement, on ne pourrait faire un lien direct de cause à effet sur les augmentations des facteurs de risque et le nombre de suicides sur l’ensemble du territoire québécois. 

« Dans le contexte de la pandémie, des facteurs de protection se sont activé notamment la mise en place d’un réseau de soutien pour les personnes aînées et les personnes plus isolées. La PCU a aussi apporté un soulagement pour les personnes qui ont perdu leur emploi. C’est notre hypothèse, rien de certain », a poursuivi M. Gaudreault.

Le double d’appels 

Chose certaine, la présente crise sanitaire a fait bondir les cas d’anxiété et le nombre de personnes en mal de vivre aux élans suicidaires. On parle de 20% en moyenne des appels à l’aide dans les centres de crise québécois. Dans certaines régions, la hausse serait beaucoup plus élevée, mais on préfère ne pas les identifier pour ne pas créer de vague ou stigmatiser une population. À elle seule, la ligne Info-Social 811 a reçu le double de téléphones de gens aux idées noires.

L’AQPS croit que la perspective de contracter la maladie et d’infecter d’autres personnes, les conséquences financières, le surmenage ou les barrières d’accès aux soins font partie des éléments qui peuvent avoir des répercussions sur la santé mentale des individus.

« Nous constatons qu’heureusement les gens n’hésitent pas à demander de l’aide. C’est le réflexe qu’il faut avoir », lance M. Gaudreault. 

Il ajoute un message d’espoir et de résilience. «  Jusqu’ici, les Québécois ont fait preuve de persévérance et de solidarité. Ils ont réussi à trouver des façons de demeurer en contact, notamment grâce aux technologies. Cela fait partie des facteurs de protection, éléments essentiels pour prévenir le suicide. Il est nécessaire de nous rappeler que nous avons de grandes forces et une capacité importante d’adaptation. La situation est temporaire et il est possible de retrouver un équilibre dans cette nouvelle réalité. Nous avons vécu des difficultés, mais cette crise a également révélé certaines de nos forces individuelles et collectives. « 

Toutefois, l’AQPS assure qu’il ne faut pas baisser les bras. Au contraire, il faut continuer de se battre en resserrant le filet humain autour des personnes plus vulnérables susceptibles de faire une tentative de suicide.

D’ailleurs, l’AQPS rappelle au gouvernement l’importance de poursuivre le renforcement au soutien psychologique offert aux Québécois. « Cela nous paraît prioritaire », a conclu Jérôme Gaudreault, en disant qu’il faut porter une attention particulière aux travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux et à ceux des milieux de soin ou d’hébergement pour aînés.

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