Le gouvernement Legault se défend de reculer sur toute la ligne devant les médecins

La Presse Canadienne | 14 décembre 2025 | 15:34
Le premier ministre François Legault fait son bilan de la session parlementaire à Québec, le 12 décembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Le gouvernement Legault se défend d’avoir reculé sur toute la ligne devant les médecins.

Vendredi, les membres de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) étaient à prendre connaissance de l’entente de principe conclue la veille avec le gouvernement.

Selon les éléments qui ont filtré, Québec retirerait des pans majeurs de sa controversée loi 2, en plus de concéder aux médecins près d’un demi-milliard de dollars de plus sur cinq ans. 

Exit les pénalités liées à la performance et les pastilles de couleur. Le gouvernement abandonnerait aussi son objectif d’affilier toute la population à un milieu de soins d’ici 2027.

Plutôt, l’inscription volontaire de 500 000 nouveaux patients (dont 180 000 vulnérables) d’ici juin 2026 s’accompagnerait d’un incitatif de 75 millions $. 

L’entente de principe prévoirait également une bonification de 14,5 % (435 millions $) de l’enveloppe de rémunération des médecins de famille.

Les caquistes ont adopté vendredi un projet de loi pour repousser jusqu’au 28 février 2026 l’entrée en vigueur de la loi 2, qui sera de surcroît corrigée pour «refléter» l’entente.

Le projet de loi retire dès aujourd’hui les articles 130 à 207 qui interdisent notamment aux médecins de faire des «actions concertées» sous peine de lourdes pénalités.

«On a bien entendu les préoccupations», a plaidé en Chambre le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui a été critiqué durant les négociations et ne s’est pas engagé, vendredi, à terminer son mandat.

Le projet de loi adopté vendredi devrait plutôt s’intituler «Loi abrogeant 78 articles», a raillé le porte-parole libéral en santé, Marc Tanguay.

«Le premier ministre a cassé les oreilles de tout le monde en disant: « Moi, je vais mettre les médecins au pas ». Bien, celui qui a été mis au pas, c’est le mauvais ministre de la Santé», a-t-il lancé.

Un élément important de la loi qui est maintenu: le changement de mode de rémunération des omnipraticiens, qui seront désormais payés par capitation, à l’acte et selon un taux horaire.

À noter que les médecins de famille se disaient d’accord avec ce changement avant le dépôt de la loi 2. 

À la période des questions vendredi, le premier ministre François Legault s’est fait accuser par le Parti libéral et le Parti québécois de s’être écrasé devant les médecins.

«Il a capitulé sur toute la ligne», a martelé le porte-parole péquiste en santé, Joël Arseneau.

M. Legault s’est défendu en disant avoir toujours été «ferme sur les principes, mais souple sur les modalités». Il s’est félicité d’avoir eu le «courage» de changer le mode de rémunération.

«Les libéraux n’ont pas eu le courage pendant 15 ans», a-t-il clamé.

«Dans les prochains mois, il y aura enfin des centaines de milliers de Québécois qui auront accès à un médecin de famille, à un GMF, ce qui n’est jamais arrivé avec les libéraux», a-t-il ajouté.

Devant les médias, la présidente du Conseil du Trésor, France-Élaine Duranceau, n’a pu nommer une seule concession faite par les médecins. 

«Moi, ce matin, je ne parle pas de recul d’un côté ou de l’autre. Je pense que dans une négo, il faut se rejoindre dans le milieu», a-t-elle plaidé.

«Tout ça pour ça? a demandé le leader parlementaire de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard. La CAQ a déclenché une crise inutile et évitable qui a semé la panique (…) et démoralisé les médecins.»

Les omnipraticiens auront sept jours à compter de vendredi pour voter sur l’entente de principe qui a été conclue suite à l’intervention du premier ministre.

Le gouvernement Legault et les médecins sont à couteaux tirés depuis l’adoption par bâillon de la loi 2, le 25 octobre dernier.

Horripilés par cette loi, de nombreux médecins ont menacé de réorienter leur pratique, de prendre leur retraite ou de déménager dans une autre province.

Un grand rassemblement en opposition à la loi a eu lieu au Centre Bell. 

Le ministre des Services sociaux, et grand ami personnel de M. Legault, Lionel Carmant, a même démissionné de son poste et quitté son parti en guise de protestation.

Le jeu en a valu la chandelle, a déclaré François Legault au moment de dresser son bilan de la session parlementaire, vendredi après-midi.

«Je suis très content», a-t-il dit, ajoutant que des fois, en négociation, il fallait «provoquer les choses».

De son côté, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a fait savoir jeudi qu’elle n’avait pas formellement repris les négociations avec le gouvernement.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.