Les médecins de famille acceptent l’entente de principe

La Presse Canadienne | 19 décembre 2025 | 10:14
Le Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, répond aux questions des journalistes à l'Assemblée législative de Québec, le jeudi 13 novembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Les membres de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) ont voté à 97 % en faveur de l’entente de principe conclue le 11 décembre avec le gouvernement.

L’entente de principe prévoyait que plusieurs éléments de la loi 2 sur lesquels les médecins s’opposaient fermement seraient retirés. On parle entre autres des pénalités liées à la performance, les pastilles de couleur ainsi que toutes les dispositions qui interdisaient aux médecins de faire des «actions concertées» sous peine de lourdes pénalités. 

Le gouvernement laisse aussi tomber son objectif d’affilier toute la population à un milieu de soins d’ici 2027. À la place, on prévoit l’inscription volontaire de 500 000 nouveaux patients (dont 180 000 vulnérables) d’ici juin 2026. 

«Ce n’est pas rien, a commenté en entrevue le président de la FMOQ, Dr Marc-André Amyot. Je dirais que c’est une victoire pour les Québécois parce que c’est une entente qui va améliorer l’accessibilité.»

Le Dr Amyot a affirmé que ce qui était le plus important pour les médecins de famille, c’était qu’il n’y ait pas de pénalités liées à la prise en charge. «Les 500 000 patients, ça doit être volontaire. Il y a des médecins qui ne peuvent pas en faire davantage pour toutes sortes de raisons et il y en a d’autres qui sont capables d’en faire. On va travailler avec le volontariat et ça fonctionne le volontariat», a-t-il dit, citant l’exemple des 1,2 million de rendez-vous que les médecins ont rendus disponibles au Guichet d’accès à la première ligne (GAP).

Dr Amyot reconnaît que la cible de prise en charge de 500 000 nouveaux patients d’ici l’été prochain sera difficile à atteindre. Déjà, des stratégies se mettent en branle afin d’y arriver. 

«On a demandé à nos présidents d’association régionale — il y a 18 régions au Québec, donc 18 présidents — de contacter les médecins qui avaient annoncé leur retraite au 1er janvier pour tenter de les retenir dans le réseau au moins pour un six, sept mois, le temps que les nouveaux médecins qui graduent arrivent», a indiqué Dr Amyot. La FMOQ ne sait pas combien de médecins exactement ont annoncé leur intention de retraite au début 2026. 

«Les médecins qui avaient manifesté le souhait de déménager, on va les appeler également pour les inciter à rester au Québec, a ajouté Dr Amyot. Ça a fonctionné pour certains d’entre eux. Il y en a déjà qui nous ont écrit, j’ai réussi à convaincre tel docteur de rester au Québec. Il y en a d’autres pour qui c’est irréversible. La maison est vendue, ils sont déménagés, ils ne reviendront pas à court terme. Est-ce qu’ils peuvent revenir dans un an ou deux ans ou à plus long terme? On le souhaite. Il faut rendre la médecine de famille davantage attractive au Québec et cette entente, à mon avis, est un pas dans la bonne direction.»

Une bataille qui a été difficile, dit Legault

Le cabinet du premier ministre précise dans un communiqué que l’identification des patients dans la nouvelle ciblesera faite par le ministère de la Santé et l’attribution aux médecins omnipraticiens se fera par la suite. Il fait aussi valoir que le Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) sera maintenu pour l’ensemble de la population. Il calcule qu’avec ces mesures, plus de 7,6 millions de Québécois pourront avoir accès à un médecin de famille d’ici 2026.

«Pour assurer le succès de cette entente, un comité de suivi et de mise en œuvre coprésidé par le gouvernement et la FMOQ sera mis en place pour s’assurer d’une transition fluide et du respect des engagements de part et d’autre. Des indicateurs clairs permettront de mesurer l’accès et la performance. Ces derniers sont un gain important du gouvernement dans le cadre de cette entente», écrit le cabinet. 

L’un des éléments qui restent dans la loi est le changement de rémunération des médecins de famille. Ces derniers, au lieu d’être seulement rémunérés à l’acte, seront désormais payés par capitation, à l’acte et selon un taux horaire. 

«Depuis 50 ans, le mode de rémunération des médecins n’a pas changé. Notre gouvernement a mené une bataille difficile pour amener les médecins à prendre en charge davantage de patients. Notre objectif a toujours été d’améliorer l’accès aux soins de santé pour les Québécois. C’est toujours ce qui a guidé nos actions et c’est pour eux que nous travaillons afin de livrer des résultats, comme aucun autre gouvernement ne l’a fait», a mentionné François Legault dans une déclaration écrite. 

Notons qu’en fonction de l’entente, l’enveloppe de rémunération des médecins de famille se retrouve bonifiée de 14,5 %, soit 435 millions $.

La priorité de Sonia Bélanger 

Rappelons que le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a adopté vendredi dernier un projet de loi pour repousser jusqu’au 28 février 2026 l’entrée en vigueur de la loi 2. Cela permettra de corriger la loi avant son entrée en vigueur (qui était d’abord prévue au 1er janvier) afin de refléter l’entente que les médecins ont accepté d’entériner. 

Christian Dubé était toutefois en désaccord avec les modifications apportées à la loi 2. La pièce législative se retrouvait très diluée par rapport à ce qui avait été adopté sous bâillon le 25 octobre. Selon M. Dubé, l’entente conclue avec les omnipraticiens maintient «sensiblement le statu quo sur les enjeux de gouvernance entre le gouvernement, la FMOQ et les directeurs médicaux». 

Dans ce contexte, M. Dubé a annoncé jeudi qu’il démissionnait de ses fonctions de ministre de la Santé et qu’il quittait en même temps la CAQ. Il siégera comme député indépendant de La Prairie. C’est la ministre des Aînés et ministre responsable des Services sociaux, Sonia Bélanger, qui remplacera M. Dubé à la Santé. 

«On souhaite collaborer avec le ministre de la Santé quel qu’il soit […] je respecte la décision de M. Dubé. Nous, on regarde en avant, on va collaborer avec Mme Sonia Bélanger. On l’a connaît, on a déjà collaboré avec elle dans le dossier des aînés et de l’aide médicale à mourir», a commenté le Dr Amyot. 

La principale intéressée a affirmé que le défi était «gigantesque» et qu’elle se sentait en mesure de le relever. «J’en profite pour remercier le travail gigantesque que Christian Dubé a fait au cours des cinq dernières années. Je crois qu’on peut être fière du chemin qui a été parcouru», a déclaré Mme Bélanger. 

Elle a soutenu qu’elle avait l’intention de travailler avec les médecins de famille. «Il y a un engagement ferme des deux côtés de rendre accessibles les soins et les services à la population québécoise. Ça sera ma priorité dans les prochaines heures et les prochains jours.»

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