La FMOQ et le gouvernement du Québec sont arrivés à une entente de principe

La Presse Canadienne | 11 décembre 2025 | 12:42
Le Dr Marc-André Amyot, président de la FMOQ, lors d'une manifestation à Québec le samedi 1er novembre 2025. (LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot)

Québec et les médecins de famille ont trouvé une voie de passage: les deux camps ont conclu une entente de principe pour renouveler l’accord-cadre des omnipraticiens, tandis que le gouvernement Legault apportera des modifications à sa loi 2, dont il reportera l’entrée en vigueur.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a indiqué que l’entente a été conclue dans la foulée de la rencontre tenue dans les derniers jours entre son président, le Dr Marc-André Amyot, et le premier ministre François Legault, ainsi que du blitz de négociations qui en a découlé.

Elle a dit accueillir «favorablement» cette entente de principe, qui constitue, selon elle, «une étape importante dans le contexte actuel».

«L’engagement et la motivation des médecins de famille demeurent essentiels pour l’avenir de la première ligne et pour la santé de la population québécoise, et la FMOQ estime que cette entente de principe constitue un pas concret en ce sens», a écrit la fédération sur les réseaux sociaux.

La FMOQ a remercié M. Legault d’être intervenu dans les négociations pour «freiner le désengagement et les départs de médecins de famille québécois» et «accroître l’accès des Québécois à la médecine de famille».

Les détails de cette entente de principe n’ont pas été dévoilés dans l’immédiat, puisqu’ils devront être présentés en primeur aux médecins de famille lors de webinaires qui auront lieu vendredi.

L’entente de principe sera ensuite soumise au vote des membres de la FMOQ afin d’obtenir un résultat «dans les plus brefs délais».

Loi perfectible

De son côté, le gouvernement Legault a confirmé son intention de déposer un projet de loi visant à repousser l’entrée en vigueur de la controversée loi 2 sur la réforme du mode de rémunération des médecins.

Plutôt que d’entrer en vigueur le 1er janvier, la loi sera appliquée à partir du 28 février, ce qui, selon le ministre de la Santé, Christian Dubé, permettra au gouvernement de «faire les amendements nécessaires».

«J’ai toujours dit que la loi 2 était perfectible et qu’on voulait prendre le temps de faire les ajustements nécessaires», a affirmé le ministre Dubé lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale, jeudi matin.

Plus tôt cette semaine, M. Legault a ouvert la porte à donner des avantages financiers aux médecins en échange d’une plus grande prise en charge des patients pour faire débloquer les négociations.

Jeudi matin, la présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, n’a pas voulu confirmer si de tels avantages avaient été inclus dans l’entente de principe.

«L’objectif de toute la démarche, c’est de changer le mode de rémunération des médecins, d’augmenter la prise en charge des Québécois par les médecins de famille, alors c’est ce que l’entente reflète», a-t-elle souligné.

Mme Duranceau n’a pas non plus voulu dire si une partie de la rémunération des médecins sera liée à des indicateurs de performance.

«Les Québécois ont gagné»

L’arrivée de cette entente de principe vient mettre un baume sur les relations entre les médecins et le gouvernement Legault, qui étaient tendues depuis l’adoption sous bâillon de la loi 2.

Mécontents de cette loi, de nombreux médecins ont menacé de réorienter leur pratique, de prendre leur retraite ou de déménager dans une autre province.Un grand rassemblement en opposition à la loi a eu lieu au Centre Bell.

Alors que les négociations semblaient dans une impasse, le premier ministre est lui-même intervenu, tenant deux rencontres en personne avec le Dr Amyot.

Selon le ministre Dubé, dont le travail a parfois été critiqué pendant les négociations, les Québécois sortiront gagnants de cette entente avec les médecins de famille.

«Soyons très clairs: il y a beaucoup de travail qui a été fait, les Québécois ont gagné», a tranché M. Dubé, rappelant que les membres de la FMOQ devront se prononcer sur l’entente.

«C’est une excellente nouvelle, s’est pour sa part félicité M. Legault. Si c’est accepté par les membres, (…) ce serait le changement le plus important dans la rémunération des médecins de famille depuis l’instauration du régime d’assurance-maladie.»

La loi 2 prévoit notamment que les médecins pratiquant en première ligne seraient désormais payés par capitation, à l’acte et selon un tarif horaire. Actuellement, ils ne sont payés qu’à l’acte, ce qui ne favorise ni le travail en collaboration, ni la prise en charge des cas lourds et complexes, plaide le gouvernement.

«Ce serait vraiment (…) gagnant pour les médecins, gagnant pour le gouvernement, mais surtout, gagnant pour les patients», a ajouté le premier ministre.

Le gouvernement Legault devra maintenant chercher à conclure un accord avec les médecins spécialistes.

Dans une note envoyée à ses membres jeudi, la FMSQ a qualifié la suspension de l’application de la loi 2 de «gain majeur».

«Nous avons soumis hier des propositions qui tiennent compte de nos priorités et des avancées que nous avions faites pendant la médiation», a écrit son président, le Dr Vincent Oliva.

«Si elles sont reçues favorablement par le Conseil du trésor, elles pourraient permettre la reprise des pourparlers en accéléré et, espérons-le, la conclusion d’une entente de principe rapidement.»

Les oppositions dénoncent un «fouillis»

Lors de deux points de presse distincts à l’Assemblée nationale, le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) sont eux aussi restés prudents dans leurs commentaires.

«Si on est en voie d’obtenir une résolution, on ne se mettra pas dans le chemin, puisque les patients du Québec, ce qu’ils nous demandent, c’est de retrouver un peu de sérénité dans l’ensemble de ce qu’on vient de vivre», a déclaré le leader parlementaire de QS, Guillaume Cliche-Rivard.

«J’espère que François Legault ne va pas se péter les bretelles en disant: « J’ai réussi ». C’est un échec. Peu importe, même si on reporte, c’est un échec», a toutefois ajouté la co-porte-parole du parti, Ruba Ghazal.

Pour le député péquiste Alex Boissonneault, «ça nous démontre encore une fois à quel point tout ça est un fouillis».