L’UPAC déclenche une «enquête criminelle» sur le Parti libéral du Québec

La Presse Canadienne | 10 décembre 2025 | 12:41
Le chef du Parti libéral du Québec, Pablo Rodriguez, s'exprime lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale du Québec, le mardi 2 décembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Une nouvelle secousse ébranle le Parti libéral du Québec (PLQ): l’Unité permanente anticorruption (UPAC) déclenche une «enquête criminelle» sur la formation politique de Pablo Rodriguez. 

«Nous confirmons que nos validations sont terminées et que nous ouvrons officiellement une enquête. Nous n’émettrons aucun autre commentaire afin de protéger nos actions le plus possible et de respecter les droits des personnes impliquées. Une enquête criminelle doit demeurer confidentielle et nous souhaitons laisser nos enquêteurs faire leur travail», a indiqué le porte-parole de l’UPAC, Mathieu Galarneau, mercredi par courriel. 

Il y a deux semaines, l’UPAC avait indiqué «être en validation d’informations (…) concernant des allégations d’actes répréhensibles visant le Parti libéral du Québec».

«Je veux assurer à la fois l’UPAC et l’ensemble des Québécois que le PLQ veut collaborer totalement et complètement. (…) S’il y a quelqu’un, qui a commis quoi que ce soit de croche, qu’il en subisse toutes les conséquences à la fois légales et celles du parti», a affirmé Pablo Rodriguez en mêlée de presse à l’Assemblée nationale mercredi. 

Malgré la tempête, le chef libéral a assuré qu’il comptait rester en poste. 

«Extrêmement préoccupante»

Un ancien adversaire de Pablo Rodriguez dans la course à la direction, Karl Blackburn, a affirmé que le chef devait réfléchir à son avenir.

«La situation dans laquelle le parti se trouve est extrêmement préoccupante. Je pense que M. Rodriguez, dans ce contexte, doit certainement se poser de bonnes questions», a-t-il affirmé à RDI mercredi. 

M. Blackburn n’a d’ailleurs pas fermé la porte à remplacer Pablo Rodriguez s’il décidait de quitter. 

«Il est clair que s’il y a six mois je pensais pouvoir devenir le chef du PLQ et le premier ministre du Québec, six mois plus tard, je le pense encore», a-t-il ajouté. 

L’ancien ministre libéral Jean D’Amour demande à Pablo Rodriguez de démissionner pour le bien du parti. 

«Je pense que le temps est venu pour lui de prouver son attachement au parti et malheureusement de quitter. Je ne fais pas ça de gaieté de cœur, sauf que moi je parle à des militants, je parle à des présidents d’association, puis ces gens-là sont un peu tannés, exaspérés de la situation», a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne. 

M. D’Amour a appuyé un autre candidat à la chefferie, Charles Milliard. Il assure que sa sortie n’a pas pour but de favoriser un éventuel successeur à M. Rodriguez. 

Le militant libéral et ancien président de l’association d’Outremont Alexandre Tremblay-Michaud affirme aussi que le chef doit quitter.

«Le parti devrait arrêter l’hémorragie et suspendre le chef. Par la suite, je pense que M. Rodriguez devrait démissionner», a-t-il soutenu en entrevue avec La Presse Canadienne. 

M. Tremblay-Michaud appuyait Karl Blackburn lors de la course à la chefferie. 

«On est tous extrêmement fâchés»

Des élus libéraux ont tenu à donner leur appui à leur chef. 

«Ce qui se passe, c’est sérieux. Le parti va pleinement collaborer. On a eu un caucus où on est unanime en appui de notre chef Pablo Rodriguez. On va passer à travers», a affirmé le député Marc Tanguay au sortir d’une réunion du caucus libéral. 

«Pablo Rodriguez, ça reste mon chef. Je suis 100 % derrière lui. C’est une enquête, ce n’est pas une condamnation», a soutenu la députée Virginie Dufour. 

«Nous sommes tous très inquiets. Mais en tant que législateurs nous n’allons pas commencer à faire le procès de qui que ce soit», a affirmé Monsef Derraji. 

«L’important, c’est d’avoir toute la vérité. Je pense qu’on est tous extrêmement fâchés de la situation», a dit la députée Madwa-Nika Cadet. 

La crise continue 

La crise au PLQ ne cesse de prendre de l’ampleur. La semaine dernière, Pablo Rodriguez a exclu la députée de Chomedey, Sona Lakhoyan Olivier, du caucus en raison d’une enquête de la commissaire à l’éthique portant sur l’utilisation des ressources de son bureau de comté pour la course à la chefferie.

Le mois dernier le «Journal de Montréal» a révélé des textos suggérant que des membres qui appuyaient Pablo Rodriguez lors de la course à la direction auraient eu des récompenses en argent. Les personnes à l’origine de ces messages ne sont toutefois pas nommées dans l’article.

La station de radio Cogeco a ensuite affirmé que les deux personnes derrière ces mystérieux textos étaient la députée libérale Sona Lakhoyan Olivier ainsi que la députée caquiste Alice Abou-Khalil. Les deux élues ont démenti et ont envoyé des mises en demeure à Cogeco.

Mme Lakhoyan Olivier a assuré qu’elle n’avait rien à se reprocher.  

Un congédiement encore mystérieux 

Le PLQ est en crise depuis que la députée Marwah Rizqy a congédié sa directrice de cabinet, Geneviève Hinse, une proche de Pablo Rodriguez, sans lui en avoir parlé précédemment.

Les raisons du congédiement de Mme Hinse demeurent nébuleuses encore aujourd’hui.

Dans une lettre de l’avocate de Marwah Rizqy, on affirme que Geneviève Hinse a été renvoyée «en raison d’importants manquements en matière d’éthique, notamment en ce qui concerne le respect des normes de l’Assemblée nationale du Québec, des procédures internes et des attentes liées à la fonction qu’elle occupait».

On ajoute que Mme Hinse aurait refusé de consulter la commissaire à l’éthique comme demandé par Mme Rizqy.

Pablo Rodriguez a exhorté Marwah Rizqy de lui fournir des explications quant au congédiement de Mme Hinse. Devant le silence de sa députée, il l’a exclue du caucus, l’accusant d’avoir «manqué de loyauté».